“Tous Sportifs pour l’Autisme”
Frédéric WEIS, ancien basketteur professionnel, vice-champion olympique, champion de France et double champion d’Europe en club, engagé dans l’autisme, sera présent à notre colloque “Tous Sportif pour l’Autisme” (TSA) le samedi 1er avril aux Facultés de Médecine et Pharmacie de Limoges.
Frédéric WEIS est aussi fondateur de l’association Big camp qui agit au bénéfice des personnes avec autisme. Big Camp propose notamment la création, le développement de camps saisonniers de basket, ou encore l’organisation de stages de perfectionnement, de match et de compétitions.
Le CRA Limousin l’a rencontré pour mieux connaître son engagement et sa vision du sport et de l’autisme.
Fréderic bonjour, pourquoi avoir accepté notre invitation ?
Lors de mon intervention durant le colloque je veux parler de la forte imbrication qu’il peut y avoir entre le sport et l’autisme.
C’est un sujet qui me tient très à cœur à la fois car je suis le papa d’un enfant autiste mais aussi parce que je suis un ancien sportif professionnel. Je suis convaincu que le sport peut aider les personnes autistes.
Sous quelles formes ?
La notion de jeu me paraît fondamentale. Je le vois à travers les stages organisés avec Big Camp et à travers le vécu de mon fils. Il y a la notion de plaisir qui accompagne celle du jeu. Toutes les deux offrent la possibilité d’un moment de détente dans un espace encadré et structuré.
C’est une ouverture en dehors du temps et des actes de la vie quotidienne qui est forcément bénéfique.
Il y a aussi la possibilité de développer des capacités notamment sur le plan de la motricité. Je le vois, par exemple, avec mon fils qui aime utiliser tous les muscles de son corps. Pourtant on m’avait dit qu’il ne pourrait jamais faire de vélo ou qu’il ne nagerait pas.
Aujourd’hui, il court, nage, fait du vélo et du basket. Je trouve dommage de réduire les personnes à leur handicap, cela limite le champ des possibles.
L’une des vertus du sport est bien de repousser les limites mais aussi celles assignées par d’autres. Je suis très fier de lui.
Tu parles souvent de “la bonne fatigue”?
Pour mon fils, le sport ça le décharge de la tension qu’il a en lui. Il l’extériorise.
Mais on peut aussi travailler d’autres compétences comme la concentration.
Avec le basket par exemple, il peut se défouler, courir et sauter.
Les exercices de shoots, plus à l’arrêt et seul, lui permettent également de travailler ses capacités d’attention.
J’utilise le panier comme un renforçateur. Au départ, je lui donnais une récompense lorsqu’il mettait un panier puis petit à petit celle-ci a disparu. Maintenant, je le vois être capable de se concentrer et mettre des paniers pendant plusieurs minutes d’affilées.
C’est ça ce que je j’appelle “la bonne fatigue”, elle est physique et mentale.
A travers l’exemple que tu viens d’évoquer, il y a une notion d’échange et de partage…
La pratique sportive apporte un véritable bien-être à la personne mais également à tout son entourage: famille, proches, personnel éducatif…
Il ne faut pas s’empêcher de tenter des choses avec son enfant.
Il faut rester protecteur mais aussi ne pas avoir peur de le laisser faire pour ne pas le mettre systématiquement en situation d’échec.
Quand mon fils a mis un son premier panier, j’ai eu l’impression qu’il soulevait une montagne. Je ne m’étais pas imaginer cela.
Je suis persuadé qu’à travers les bienfaits du sport il prend du plaisir et qu’il se rend compte que j’en prends aussi énormément.
Avec l’autisme, l’expression et la compréhension des émotions sont difficiles mais dans ces moments là je suis sûr que mon fils, même si n’arrive pas à bien les exprimer, il comprend néanmoins parfaitement les miennes.
Peux tu à présent nous parler de ton association Big Camp ?
Cette association existe depuis environ 7 ans. Nous avons dans un premier temps organisé des camps de basket pour des personnes qui n’étaient pas handicapées. Les bénéfices étaient reversés à l’IME où se trouve mon fils pour financer des sorties et des actions.
Nous avons ensuite accueilli des personnes en fauteuil. Le basket fauteuil fait partie des handisports les plus connus et les mieux représentés.
L’idée était de mélanger ces publics et leurs pratiques pour que tout le monde soit avant tout perçu comme un sportif.
Ce mélange a créé des dynamiques incroyables.
Nous souhaitons à présent transposer cette expérience et l’ouvrir au basket dit adapté qui regroupe les handicaps psychiques et notamment l’autisme.
Un dernier mot avant de te retrouver lors du colloque “Tous Sportifs pour l’Autisme” ?
Cette intervention est importante pour moi car l’autisme est moins connu ou en tout cas plus difficilement identifiable que le handicap physique, avec les fauteuils par exemple. Il y a donc un travail d’éducation à faire pour repousser les peurs de ce que l’on ne connaît pas. Le sport et sa pratique peuvent grandement y contribuer.
Pour aller plus loin sur le sujet du sport et de l’autisme:
ALIN, Christian. L’autisme et le sport : « Passeurs de confiance et Sport sur ordonnance ». Le club de Médiapart – Billet de blog. 2022.
Disponible sur : https://blogs.mediapart.fr/christian-alin/blog/290322/l-autisme-et-le-sport-passeurs-de-confiance-et-sport-sur-ordonnance (consulté le 13/03/2023)
Un pratiquant avec Trouble du Spectre Autistique (TSA) peut produire de la maladresse motrice dans le moindre geste de la vie ordinaire et en même temps obtenir une très grande maitrise motrice et émotionnelle dans les Activités Physiques Sportives et Artistiques (APSA). Mais la question de la gratuité et/ou d’un coût financier accessible aux pratiques sportives ou de loisir est primordiale
CRA Limousin. Dossier documentaire “Autisme et Sport”. CRA Limousin, 2023.
Disponible sur : https://cra-limousin.centredoc.fr/index.php?lvl=cmspage&pageid=6&id_rubrique=1 (consulté le 13/03/2023)
Sélection de documents en libre accès et empruntables au centre de documentation du CRA Limousin.
CRANSE ; CDOS 76. Sport et Autisme, Oui c’est possible ! [vidéos en ligne]. CRANSE ; CDOS 76. 2022.
Disponible sur : https://www.youtube.com/@SportEtAutisme76/featured (consulté le 13/03/2023)
Une chaine au service de toutes celles et ceux qui souhaitent accueillir des personnes avec des Troubles du Spectre de l’Autisme dans le domaine du sport et de l’activité physique adaptée.
FFSA – Fédération Française du Sport Adapté. Sport et autisme : préconisations pour l’accompagnement des personnes autistes en milieu sportif. [en ligne]. FFSA, 2021. 31 p.
Disponible sur : https://sportadapte.fr/vie_federale/nouvel-outil-pour-le-sport-et-autisme/ (consulté le 13/03/2023)
Fort du constat, à travers une enquête menée en mars 2021, que les personnes autistes soulignaient le manque de connaissance des intervenants sportifs sur leur trouble, ce document s’inscrit dans la démarche éthique « de bientraitance » de la Fédération : ces sportifs doivent être respectés, nous leur devons un accompagnement de qualité qui prenne en compte, le mieux possible, leurs spécificités, leurs difficultés mais surtout leurs capacités.
WEIS, Fréderic. Jusque-là, ça va. Amphora. 2022. Sports collectifs.
Durant 20 ans, ma vie a tourné autour du basket. Des entraînements, des matchs, des compétitions, des voyages, des hôtels. Je reviens sur tout cela dans cet ouvrage. Malgré mon physique avantageux pour ce sport, j’ai connu beaucoup de moments de doute. J’ai voulu tout abandonner. Je ne l’ai jamais fait. Je suis fier de ma carrière. Mais j’aurais aimé être aussi fier de moi en tant qu’ homme. Car j’ai été faible. Je n’ai pas peur de le dire. J’ai été harcelé à l’école, j’ai tenté de me suicider par deux fois, je n’ai pas voulu reconnaître l’autisme de mon fils. Ce sont des facettes de mon existence qui ne me quitteront pas. Et pour la première fois, j’ai décidé d’en parler librement et honnêtement.