Présentation des lauréats des appels à projets

Présentation des lauréats des appels à projets
Dans le cadre de la Journée Mondiale de l’Autisme du 2 avril 2025, trois appels à projets avaient été émis à destination de l’ensemble des établissements scolaires du territoire Limousin, de la maternelle au lycée, en partenariat avec l’Académie de Limoges.
Les projets, “L’autisme expliqué par les élèves “et “Tous en bleu pour l’Autisme”, avaient pour objectif de sensibiliser le jeune public aux particularités du Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA) à travers la réalisation possible de différents médiums (vidéo, photo, fresque, peinture…).
Celui de “Crée ton visuel pour le tour de cou” s’adressait aux classes et aux dispositifs accueillant des élèves autistes sous la forme d’un projet artistique.
Le CRA Limousin a reçu de nombreuses propositions et tenait à remercier très chaleureusement l’ensemble des établissements et des classes pour leur participation. Un système de vote avait été mis en place sur les réseaux sociaux pour départager les gagnants de 2 de ces 3 concours.
Après avoir cumulé plus de 120 000 vues et de nombreux “likes”, les projets qui ont finalement été déclarés vainqueurs sont :
- celui de l’école de Donzenac pour leur vidéo explicative de l’autisme
- celui de l’école de Saint-Germain-les-Vergnes pour leur visuel “Tous en bleu pour l’autisme”
- celui de l’Unité d’Enseignement Maternelle Autisme (UEMA) de l’école Condorcet-Roussillon de Limoges pour le tour de cou
Nous présentons ici ces différents projets en laissant la parole aux équipes pédagogiques de ces établissements.
L'école de Donzenac lauréat de "L'autisme expliqué par les élèves"
Présentation du projet vidéo par l’école de Donzenac et l’ensemble des partenaires mobilisés
Jusqu’à cette année, nos actions de sensibilisation étaient tournées vers la différence, au sens large du terme. L’appel à projet nous a permis de faire un focus sur l’autisme et de mettre en avant un mot pour travailler autour de l’ouverture d’esprit des élèves.
La vidéo réalisée permet de comprendre les nécessaires adaptations à mettre en place au-delà des étiquettes. Elle fait suite à des ateliers qui ont été réalisés en amont. La vidéo est venue se greffer à ce projet.
Au départ, elle choque. Elle joue sur les préjugés et les clichés pour ensuite mieux expliquer, dans la seconde partie, la réalité de l’autisme.
Elle a permis de faire comprendre, qu’à certains moments, les maîtresses procédaient différemment pour répondre aux besoins des élèves.
Nous voulions mieux faire accepter les adaptations pour qu’elles soient perçues comme bénéfiques à tous. Si un élève, autiste ou non, est fatigué, il peut, par exemple, se servir d’un casque anti-bruit.
Cette vidéo a produit beaucoup de richesse et des connaissances que nos élèves emporteront avec eux. Elle est aussi le fruit d’une collaboration active, d’une synergie commune de nombreux acteurs : l’équipe pédagogique, le périscolaire, les services municipaux, les partenaires de l’Education Nationale et du médico-social.
Nous nous félicitons de pouvoir être accompagnés et aidés par d’autres professionnels pour porter ce type de projet.
Ce réseau de partenaires et la mise à disposition d’informations fiables permet d’aborder différemment ces questions. Le regard porté change petit à petit.
La présence, depuis de nombreuses années, d’une ULIS au sein de notre école nous aide également.
Grâce à cette vidéo, nous espérons que les graines plantées dans l’esprit des enfants continueront longtemps à germer.

L'école de Saint-Germain-les-Vergnes lauréat de "Tous en bleu pour l'autisme"
Présentation du projet réalisé par l’équipe pédagogique et le dispositif d’autorégulation de l’école
Notre motivation pour participer à une action de sensibilisation à l’autisme a d’autant plus de sens que nous accueillons 10 enfants avec autisme dans le cadre du dispositif d’autorégulation. Tous les élèves depuis leur plus jeune âge côtoient dans notre école d’autres élèves avec autisme.
Notre participation apparaissait donc comme naturelle.
Pour répondre à l’appel, nous souhaitions réaliser un projet collectif et avoir une production commune allant de la petite section au CM2.
Nous avons pensé à un cœur qui est un symbole positif facilement identifiable et réalisable par tous en même temps.
Cette action nous a permis de refaire une action de sensibilisation auprès de tous les élèves, mais aussi auprès des familles.
Quand nous avons impulsé ce projet, tout le monde a été de suite très partant et ça s’est fait très facilement.
Nous remarquons que nos élèves, en grandissant aux contacts d’autres enfants avec autisme, sont extrêmement bienveillants, ouverts aux autres et à la différence. L’inclusion se fait naturellement. Elle transparait également chez les parents.
Finalement, l’action qui a été menée s’inscrivait dans notre quotidien de travail.
Nous sommes prêts l’année prochaine à relever le défi et à nouveau à participer.
L'UEMA de l’école Condorcet-Roussillon lauréat de "Crée ton visuel pour le tour de cou"
Présentation du projet réalisé par l’équipe de l’UEMA
Nous avions envie de répondre à cet appel mais il nous fallait trouver le support pour faire travailler tous les élèves de notre classe. Nous devons tenir compte des niveaux et des compétences qui ne sont pas tous les mêmes. Trois de nos élèves ont par exemple besoin d’une guidance physique plus soutenue pour pouvoir répéter le geste.
Pour créer notre visuel, à la façon de Gaston CHAISSAC, nous avons utilisé des fonds de rouleaux de papier toilette. Certains les ont trempés dans de la peinture bleue, couleur de la journée mondiale. D’autres les ont peints au pinceau. Le projet collage, qui vient par dessus et qui est plus technique, a été réalisé par une partie des élèves.
Malgré cette disparité, nous avons travaillé tous ensemble et de manière complémentaire.
L’ensemble de nos ateliers a nécessité un mois de préparation, soit une vingtaine de séances de travail d’environ 20 minutes.
L’enregistrement du geste, sa compréhension et le retrait progressif de la guidance prennent du temps.
Cette activité a favorisé l’acquisition de compétences, de la plus petite à la plus grande, pour chacun des élèves.
L’un d’entre eux a parfaitement compris notre démarche, de bout en bout, et à quoi elle allait servir. Pour un autre, elle lui a permis d’accepter le simple contact de la peinture.
A travers cette activité, nous voulons faire comprendre que l’art est accessible à tous.
Nous voulons aussi mettre l’accent sur la qualité et la quantité de travail fournies par les élèves. Le grand public ne réalise pas vraiment tous les efforts consentis.
Ce projet est représentatif de ce que nous faisons au quotidien au sein de l’UEMA : un travail d’équipe auprès des enfants où chacun amène ses compétences et ses réflexions.
© Reportage France 3 Limousin dans le cadre de la Journée Mondiale de l’Autisme 2025
Le Centre ressource Intimagir Nouvelle-Aquitaine lance son site interne

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Communiqué de presse de l’ARS Nouvelle-Aquiatine
Un accès facile à l’Information et à des ressources utiles
L’accessibilité étant au cœur de notre mission, le site Intim Agir Nouvelle-Aquitaine a été développé en respectant les normes de consultation de l’information numérique. Nous avons veillé à ce que toutes les informations soient facilement consultables, quel que soit le support utilisé (ordinateur, tablette, smartphone).
Les visiteuses et visiteurs du site pourront accéder à une multitude de ressources et d’informations notamment sur les événements à venir et les actualités en région sur les 3 grandes thématiques du Centre Ressource :
- la vie intime, affective et sexuelle
- la lutte contre les violences
- le soutien à la parentalité
L’objectif est de mettre à disposition une plateforme où chacun(e) pourra obtenir un premier niveau d’information et des réponses à ses questions.
Et parce que, nous sommes toutes et tous concerné(e)s par ces sujets, nous avons souhaité que cette plateforme soit la vôtre et qu’elle s’enrichisse de vos contributions.
Alors n’hésitez pas à nous faire part de vos actualités, de vos conseils, de vos contacts et de vos bonnes pratiques, nous y serons très attentifs et regarderons avec vous comment cela peut venir alimenter la plateforme.
Les fonctionnalités du site d’Intimagir Nouvelle-Aquitaine
Parmi les fonctionnalités clés du site, on retrouve :
- Un annuaire sous la forme d’une cartographie interactive facilement consultable qui recense les acteurs et ressources du territoire.
- Une page dédiée aux actualités de la région : des articles réguliers sur les avancées dans le domaine du handicap, des conseils pratiques, des informations sur les ateliers, conférences et formations qui se dérouleront sur votre territoire.
- Une page « Ressources » avec, selon la thématique sélectionnée, des documents, des outils et liens vers des podcasts ou des vidéos
Toutes les ressources et informations sont disponibles sur : https://intimagir-nouvelle-aquitaine.org/
Relions-nous

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Relions-nous !
Dans cette version numérique d’une bibliothèque vivante, chaque livre représente un témoignage vivant, un chemin parsemé de défis, d’espoirs et de projets.
En cliquant sur ces livres, vous découvrirez des récits personnels et inspirants qui vous permettront de mieux comprendre les réalités souvent invisibles, derrière les problématiques de santé mentale.
Nous vous invitons à ouvrir les portes de ces histoires et à voir la santé mentale sous un nouveau jour.
Partageons nos histoires, ouvrons notre regard, créons du commun.
Disponible sur : https://relions-nous.org/
Découvrez notamment l’histoire de Véronique, chapitre par chapitre
Véronique : https://relions-nous.org/veronique
Véronique a été diagnostiquée seulement à l’âge de 28 ans, malgré des difficultés rencontrées dès l’enfance, qui n’ont pas été remarquées par son entourage ni les professionnels.
C’est en entrant dans l’âge adulte qu’elle a vraiment peiné à s’adapter aux études et au monde du travail.
Elle décrit son parcours comme une série de chutes : « A mon entrée dans l’âge adulte, je me suis cassée la figure un grand nombre de fois, à répétition et j’allais de plus en plus mal ».
Bien que le diagnostic soit arrivé de manière inattendue, il a été bénéfique pour elle, lui offrant un véritable « mode d’emploi ».
À travers son témoignage, elle évoque son quotidien avec l’autisme, les défis des démarches administratives liés à son handicap, ainsi que sa perspective sur le rétablissement.
Votez pour l'appel à projet : Tous en bleu pour l’Autisme

Votez pour l’appel à projet :
Tous en bleu pour l’Autisme
Dans le cadre de la Journée Mondiale de l’Autisme 2025, trois appels à projets ont été proposés à destination de l’ensemble des établissements scolaires du territoire Limousin en partenariat avec l’Académie de Limoges.
Voir : https://www.cralimousin.com/journee-mondiale-de-lautisme-2025/#projets-de-classes
Parmi ces appels, celui de “Tous en bleu pour l’Autisme”
Détails du projet :
La Journée Mondiale de l’Autisme c’est l’occasion de se parer de bleu pour soutenir les personnes concernées et sensibiliser à l’autisme.
Une seule règle : contenir du bleu.
Le visuel peut être une photo, une peinture, une fresque, une mosaïque…
Voici les propositions recueillies.
Un très très grand merci aux écoles, élèves et équipes pédagogiques :
- des Cars (87),
- de Meymac (19),
- de Donzenac (19),
- du Roussillon (87),
- de l’IME d’Ussel (19),
- d’Objat (19),
- de Saint Germain les Vergnes (19).
C’est maintenant à vous de voter à travers nos réseaux sociaux pour votre visuel préféré (liker directement votre ou vos photos favorites).
Celle qui aura reçu le plus grand nombre de likes remportera l’appel à projet.
Les votes sont ouverts jusqu’au au 4 avril 2025 à 12h00 aux adresses suivantes :
https://www.facebook.com/CRALimousin/
https://www.instagram.com/cra_limousin/
A partager sans modération.
Journal 57 CRA Limousin

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Retrouvez l’actualité du CRA Limousin et les dernières informations concernant l’autisme.
Sommaire :

Dans ce journal, vous accédez :
- à l’éditorial d’Andréa PERRIER, Directrice du CRA Limousin
- une présentation des rencontres et actions programmées dans le cadre de la journée mondiale de l’autisme du 2 avril 2025
- à une interview de la recherche Julie Dachez
- et de nombreuses ressources et documentation en ligne
Le journal du CRA Limousin relaie des actualités issues d’un travail de veille informationnelle dans le domaine du TSA. Les ressources mises à votre disposition ne visent pas l’exhaustivité et ne reflètent pas nécessairement l’opinion du CRA.
Consultez le dernier journal (n°57)
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Interview de Julie Dachez

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© 2025 CRA LIMOUSIN. | Tous droits réservés.
© photo Chloé Vollmer-Lo & Julie Dachez | Tous droits réservés.
Le programme pour la journée mondiale de l’autisme sera marqué cette année par l’intervention de Julie Dachez lors du colloque du 2 avril à la Faculté de Lettres et Sciences Humaines de Limoges, Amphithéâtre Vareille.
Pour participer à cet événement gratuit, il est indispensable de s’inscrire :
https://my.weezevent.com/conference-journee-mondiale-de-lautisme
Julie Dachez, Docteure en psychologie sociale, conférencière et militante française pour les droits des personnes TSA, s’adressera aux personnes autistes (ados, jeunes adultes, adultes) et à leur entourage. L’intitulé de son intervention “Apprendre à se Comprendre” explore des thématiques essentielles à l’épanouissement et à l’inclusion de tous.
Pour mieux cerner son sujet, le CRA Limousin a recueilli sa parole. Nous la remercions très chaleureusement pour sa disponibilité et pour le temps qu’elle a bien voulu nous accorder.
Bonjour Julie, pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a motivé à conduire vos travaux et vos recherches ?
Après avoir travaillé un peu dans le domaine privé, sans que cela soit très épanouissant, j’ai fait une reprise d’études en psychologie. Parallèlement à cette reprise, le diagnostic d’autisme m’est tombé dessus (sic). J’avais 27 ans.
Recevoir ce diagnostic tardif a été comme un tremblement de terre dans ma vie. J’ai compris que mon comportement était en fait complètement normal, vu que j’étais autiste. Je n’étais pas une non autiste défaillante, j’étais juste différente.
Cette reprise d’études et ce diagnostic m’ont donné envie de faire une thèse. Je me suis intéressée au volet de la recherche en lien avec l’autisme.
Mon idée alors n’était pas d’étudier le TSA d’un point de vue clinique, c’est à dire d’en étudier les symptômes ou les méthodes d’accompagnement. Je me suis plus concentrée sur le point de vue de la psychologie sociale.
Je trouvais cela plus intéressant, car à l’époque ce qui me posait le plus de problèmes dans ma vie ce n’était pas tant le fait d’être autiste, mais plus d’être confrontée à l’incompréhension des personnes, de sentir de nombreux préjugés y compris après mon diagnostic.
Devant le peu de recherche qu’il y avait en psychologie sociale, je me suis dit qu’il y avait tout à faire et que le sujet méritait d’être creusé, contrairement à ce que l’on me disait. De voir l’autisme à travers un prisme social, c’était relativement nouveau lorsque j’ai débuté mon travail de thèse en 2013.
Il s’agit finalement d’une période assez courte, qui questionne le peu de travaux réalisés sur l’autisme à travers des disciplines plus sociales ?
Oui, mais pourquoi ? Parce que depuis le début, les recherches ont été menées par des personnes qui n’étaient pas autistes. Ces chercheurs ont donc eu leurs propres biais, et ont envisagé l’autisme en privilégiant une approche psychiatrique et une vision déficitaire. Ce que l’on sait donc aujourd’hui au sujet de l’autisme (ou ce que l’on pense savoir) s’est construit via ce prisme, qui n’est pas anodin, et que malheureusement peu de personnes ont questionné. Plus récemment, des chercheurs.euses autistes proposent une autre façon d’étudier l’autisme. Leurs travaux sont extrêmement précieux mais malheureusement peu connus.
Lorsque j’ai débuté mes travaux, il y a environ 10 ans, je ne me suis pas cachée d’être une femme autiste, ce qui n’a pas été sans conséquences. Certains membres de mon jury de thèse par exemple ont remis en question mon manque d’objectivité, puisque j’étais une personne concernée. Mais tout le monde a des biais. Ce que je veux dire, c’est que personne ne peut avoir de position complétement neutre. Tous les chercheurs et chercheuses en sciences humaines et sociales font partie de la société qu’ils étudient, et sont donc inévitablement influencés par les biais et les enjeux de pouvoir qui la traversent. Il est nécessaire d’en avoir conscience afin de viser une objectivation des recherches. Et cela ne s’applique pas uniquement aux chercheurs et chercheuses autistes, mais à tous et toutes.
Mais c’est quelque chose qui demeure compliqué à faire entendre.
J’ai ensuite travaillé à l’INSEI : Institut national supérieur formation et recherche – handicap et enseignements adaptés (ex INSHEA) en tant qu’enseignante-chercheuse.
Actuellement, je suis en disponibilité pour me consacrer aux conférences, à des travaux d’écriture et de vulgarisation scientifique.
C’est donc dans ce cadre que nous aurons le plaisir de vous accueillir le 2 avril. Pouvez-vous nous expliquer ce choix actuel de privilégier ce type de travaux et d’interventions auprès d’un public plus large ?
Même si j’ai bénéficié de certains aménagements au sein de l’INSEI, j’ai trouvé très dur de faire un travail de qualité, notamment au niveau de la recherche.
En tant qu’enseignante chercheuse, je devais mener de très nombreuses démarches en lien avec ces deux activités. L’ensemble était titanesque.
J’ai donc fini complétement burnoutée. Ce qui m’a amené à faire un pas de côté.
Mon choix s’explique aussi par le fait que je pense être plus douée dans la communication scientifique, que dans la production de la recherche. Je crois que c’est ce qui me plait le plus. Cette idée de transmettre a plus de sens pour moi.
En quoi votre approche basée en partie sur les mécanismes sociaux éclaire-t-elle la question de l’autisme ?
Après ma thèse, je me suis ouverte à une approche interdisciplinaire, qui permet d’étudier un sujet en mobilisant plusieurs disciplines. Cela permet d’éviter une réduction du sujet à une seule grille de lecture. Par exemple, la psychologie clinique peut parfois se focaliser sur le “dysfonctionnement” et la pathologie, tandis que la sociologie met l’accent sur les structures sociales et les rapports de pouvoir. En combinant plusieurs approches, on obtient une analyse plus équilibrée.
Ces recherches viennent aussi déconstruire cette vision déficitaire de l’autisme.
Les travaux des chercheurs.euses autistes permettent de prendre conscience de l’impact que le validisme a eu sur la production de savoir sur l’autisme, et offrent un pas de côté. Leur porte d’entrée à eux n’est pas celle du déficit. Ils adoptent un point de vue plus macro pour aller interroger la façon dont la société, les injustices et discriminations impactent les personnes autistes (leur santé mentale, entre autres) et la façon dont elles sont perçues.
Je trouve que ce point de vue est extrêmement intéressant et que finalement il n’est pas beaucoup relayé et entendu.
Vous avez à cœur de redonner la parole aux personnes TSA. Quels sont vos attendus à travers cette démarche ?
Pour ma dernière recherche, notre équipe composée de différents chercheurs (en sociologie, sciences de l’éducation…) a interviewé des personnes autistes pour analyser leurs expériences dans l’emploi accompagné en France. Nous avons mis en place une méthodologie dite participative. C’est à dire que nous avons fait participer des personnes concernées d’A à Z, de l’élaboration du projet de recherche, jusqu’à la publication de l’article scientifique. Par exemple, la grille d’entretien qui a été réalisée a été construite avec des personnes autistes, et certains entretiens tout comme la recherche documentaire ont été réalisés par une assistante de recherche autiste, Sylvie Seksek, que j’ai fait monter en compétence sur certains aspects du projet.
C’est très important pour moi de travailler avec des personnes autistes et de les rémunérer pour leurs savoirs. Cette reconnaissance de leurs expertises devrait être la base. Rien ne devrait se faire sur nous sans nous.
Les recherches sont d’autant plus riches lorsqu’elles font réellement collaborer les personnes autistes. Malheureusement, c’est extrêmement rare. La plupart des recherches dites participatives demandent juste à une personne autiste son avis à un moment donné. C’est tout. Ce n’est pas ça la méthodologie participative.
Même si cette méthodologie est difficile à mettre en œuvre j’y suis extrêmement attachée. J’y accorde plus d’importance que la discipline elle-même pour mener mes recherches.
Je pense que c’est probablement mon dernier article scientifique car je ne compte pas mener de nouvelle recherche de si tôt, et je suis contente de finir là-dessus.
Cette volonté d’associer les personnes autistes dans vos travaux, d’être au plus près de leurs vécus et de restituer leurs paroles, c’est une conviction qui semble profondément ancrée chez vous ?
Oui c’est clair et puis je crois que c’est presque un acte militant.
Dans mon livre “Dans ta bulle “, j’avais repris une citation de Pierre Bourdieu qui disait, je crois, :
“Les dominés ne parlent, pas ils sont parlés“.
Même si les choses évoluent ce sont très souvent des psychiatres ou des chercheurs qui viennent parler de ce qu’est l’autisme.
Pourtant, ce sont les gens qui le vivent au quotidien qui connaissent le mieux le sujet. Je trouve absurde de produire de la recherche sur des personnes autistes sans réellement les impliquer, de les réduire à des objets de recherche alors qu’elles devraient être sujets et co-créatrices des projets.
Le second point dans mes démarches concerne la recherche dite qualitative. Ce qui me plaît avec cette méthode, c’est que l’on va aller interroger les personnes et construire du savoir à partir de leurs propos. La difficulté, c’est qu’en psychologie aujourd’hui, on valorise énormément les recherches quantitatives (statistiques…).
Je crois que la psychologie a un complexe d’infériorité par rapport aux sciences dites dures, et que le quantitatif est très valorisé car témoigne (soi-disant) du sérieux des recherches. Cela se fait parfois au détriment du qualitatif, qui est moins considéré. C’est dommage, car cette approche permet d’obtenir des données riches et nuancées fondées sur l’expérience des principaux intéressés.
C’est aussi ce que je me suis attachée à mettre en avant dans mon dernier ouvrage “L’autisme autrement“ dans lequel je cite de nombreuses recherches qualitatives.
Les paroles des personnes autistes sont au cœur du bouquin.
Pourtant cette méthode peut être limitée face à l’hétérogénéité des profils dans le TSA comme par exemple avec les personnes non oralisantes ?
Mes recherches sont en effet spécialisées dans l’autisme sans trouble du développement intellectuel et concernent des publics oralisants. Dans le cadre de ma dernière recherche, on avait eu l’intention initialement d’interviewer des personnes autistes avec un trouble du développement intellectuel et / ou non oralisantes, et on avait commencé à réfléchir à la façon d’adapter nos outils, mais il s’est avéré que les personnes autistes qui bénéficiaient de l’emploi accompagné n’avaient pas du tout ce profil-là (ce qui laisse d’ailleurs sous-entendre un filtrage par la MDPH qui n’orienterait que les autistes oralisants et sans déficience intellectuelle vers l’emploi accompagné).
Néanmoins les recherches avec un axe anti-validiste parlent pour tous, y compris pour les non oralisants. Elles se rejoignent autour de sujets et de besoins communs : plus d’autonomie et d’inclusion, mieux lutter contre les préjugés et les discriminations, une meilleure adaptation des environnements, l’importance de la neurodiversité, une meilleure acceptation d’un fonctionnement qui s’écarte de la norme…
Je rejoins le modèle social du handicap selon lequel le handicap est situationnel, contextuel. Et ça, ça vaut pour tous et toutes.
Cette notion d’environnement et d’autres comme la santé mentale ou le camouflage seront développées lors de votre intervention le 2 avril. Quels liens faites-vous entre elles ?
Le camouflage, le fait de masquer, est souvent corrélé avec une santé mentale dégradée. Il faut donc s’interroger sur le pourquoi de ce camouflage. Selon certains chercheurs.euses, les personnes autistes camouflent en réponse au stigma social, pour se préserver de la violence qui pourrait s’abattre sur elles si elles stimmaient en public, par exemple. Or, le prix à payer est lourd pour les personnes autistes, puisque comme nous l’avons dit à l’instant, le camouflage est associé à une santé mentale dégradée.
Il y a par ailleurs des travaux très intéressants sur le lien entre stress de minorité et santé mentale des personnes autistes, que l’on doit à Monique Botha. Quand on appartient à une minorité, on subit des facteurs de stress spécifiques à cette minorité (insultes, violences physiques, etc.) qui peuvent contribuer à expliquer les disparités entre la santé mentale et physique de ces personnes, et les autres.
Mettre en place des environnements inclusifs et respectueux du mode de fonctionnement des personnes est indispensable pour qu’elles puissent avoir certains espaces qui leur permettent de ne pas camoufler, ou moins que d’habitude. Qui plus est, les aménagements permettent d’étudier et de travailler dans de bonnes conditions, c’est un facteur de protection vis-à-vis du burn-out autistique notamment.
Merci Julie pour vos réponses et nous vous donnons rendez-vous le 2 avril.
L’ensemble de ces réflexions seront traitées et approfondies lors de la venue de Julie Dachez.
Retrouvez le programme complet du colloque sur : https://www.cralimousin.com/journee-mondiale-de-lautisme-2025/#conference
Accédez également au dossier documentaire réalisé par le CRA Limousin qui recense une partie de ces publications.
Certaines ressources sont consultables directement sur le web. D’autres peuvent être empruntées gratuitement auprès du CRA Limousin.
Interview et dossier réalisés par Nicolas Roumiguières.
Documentaliste du CRA Limousin.
Programme de la journée mondiale de l'autisme 2025

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Retrouvez sur notre page dédiée toutes les informations en lien avec la journée mondiale de l’autisme qui aura lieu le 2 avril 2025.
Projets de classe
Pour en savoir plus sur les projets de classes et les trois appels à projets à destination de l’ensemble des établissements scolaires du territoire Limousin, en partenariat avec l’Académie de Limoges, cliquez ici.
Forums
Pour connaître les lieux des différents forums du 2 avril au matin sur la Creuse, la Corrèze et la Haute-Vienne, cliquez ici.
Ces forums, ouverts à tous, donnent de l’information, expliquent, déconstruisent les idées reçues et ouvrent des perspectives inclusives.

Conférence
CONFÉRENCE “AUTISME ET APPRENTISSAGES”
Faculté de Lettres et Sciences Humaines Amphithéâtre Vareille de 13h30 à 17h00
Entrée gratuite, sur inscription https://my.weezevent.com/conference-journee-mondiale-de-lautisme
Pour connaître le contenu de ce forum et les différents intervenants, cliquez ici.
Cinéma
« En tongs au pied de l’Himalaya »
Jeudi 3 avril 2025 cinéma Grand Ecran Ester à 20h00 séance à 7€
En présence de Marie-Odile Weiss co-scénariste. Toutes les informations sont accessibles en cliquant ici.
Les Foulées du Populaire
Venez défendre les couleurs de l’autisme en participant à cette course, sur Limoges, le dimanche 6 avril 2025 et intégrer l’équipe « Les TS’ATHLETES ».
Cliquez ici pour en savoir plus.
Manifestations complémentaires
Retrouvez les actions complémentaires menées par les partenaires du CRA Limousin dans le cadre de la journée mondiale (liste non exhaustive).
Toutes les initiatives recensées sont présentes en cliquant ici.
Rencontres et ateliers du CRA sur le deuxième trimestre 2025

© photo : Anne-Marie LE GOUILL
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Le CRA Limousin met en place pour le second trimestre 2025 des temps de rencontre post-diagnostic :
1- Docteur Éric Lemonnier.
Vous venez de recevoir un diagnostic pour vous ou votre enfant, le Dr LEMONNIER, Directeur médical, propose des temps d’échanges :
Le samedi 12 avril 2025
Le samedi 17 mai 2025
Le samedi 21 juin 2025
Sans inscription, au CRA, de 10h00 à 12h00. Renseignements : 05 19 76 17 25.
2- Nos coordinatrices de parcours vous proposent un atelier : Comment et pourquoi créer un séquentiel ?
Un séquentiel est un outil visuel qui aide à décomposer des tâches complexes en une succession de tâches simples, facilitant ainsi la compréhension, l’anticipation et favorisant l’autonomie.
Le Mardi 8 avril de 9h30 à 11h30 (pour les parents d’enfants diagnostiqués entre 0 et 12 ans)
Le Lundi 5 mai de 9h30 à 11h30 (pour les parents d’enfants diagnostiqués de 12 à 18 ans)
Le Mardi 17 juin de 9h30 à 11h30 (pour les adultes diagnostiqués)
Sur inscription obligatoire, groupe de 8 personnes :
formation.cralimousin@chu-limoges.fr
Le magazine "Vivre à Limoges" parle de la future Maison de l'Autisme et des TND

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“Vivre à Limoges” est un magazine municipal d’information édité tous les mois.
Son dernier numéro (200, février 2025) revient sur le projet de la Maison de l’Autisme et des TND du Limousin qui se situera au 22 rue Mirabeau à Limoges.
Andréa PERRIER, Directrice du CRA Limousin et référente du projet, et Jean-Christophe ROUSSEAU, Directeur Général Adjoint du CHU de Limoges, y sont interviewés.
Extrait :
“La maison de l’autisme et des troubles du neuro-développement du Limousin ouvrira ses portes en centre-ville à l’horizon 2026. Porté par le CHU de Limoges, ce projet fédère de nombreux partenaires et vise à créer une filière d’accompagnement et d’expertise, pour les patients, les familles et les professionnels”….
Pour lire l’intégralité de cet article et accédez directement à l’interview rendez-vous ici.
Si vous souhaitez aider ce projet grâce à un appel à mécénat rendez-vous ici.
Journal 56 CRA Limousin

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Retrouvez l’actualité du CRA Limousin et les dernières informations concernant l’autisme.
Sommaire :
Dans ce journal, vous accédez :
- à l’éditorial d’Andréa PERRIER, Directrice du CRA Limousin
- une présentation des rencontres du samedi matin avec le Docteur Lemonnier et des ateliers pratiques du CRA sur le premier trimestre 2025
- et de nombreuses ressources et documentation en ligne
Le journal du CRA Limousin relaie des actualités issues d’un travail de veille informationnelle dans le domaine du TSA. Les ressources mises à votre disposition ne visent pas l’exhaustivité et ne reflètent pas nécessairement l’opinion du CRA.
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